Extrait : "Nous étions donc à Alger..."

Aujourd'hui, cela fait 56 ans, jour pour jour (c'était également un dimanche...), que les "événements" d'Algérie ont connu leur épilogue, par la signature des accords d'Évian. L'historien Guy Pervillé désignait néanmoins ce traité comme une "utopie juridique" qui marquait le début d'un long processus de sortie de guerre. De façon assez récurrente, nos narrateurs actuels (masculins, dans leur immense majorité...) ressentent souvent le besoin de témoigner sur cette époque troublée, en faisant part de l’ambiguïté assez bouleversante de leurs sentiments de l'instant. En voici un court exemple, avec l'autorisation de son auteur :

"En fin de service, nous étions allés de nouveau à Alger. C’était en mars 1962. Les accords d’Évian étaient en discussion et tout le monde n’était pas de l’avis du président Charles de Gaulle. L’OAS (Organisation Armée Secrète), formée par les opposants à de Gaulle (c’est-à-dire les généraux dissidents) était désormais très active. Nous avons eu, dans notre régiment, des déserteurs de l’armée ainsi que des vols d’armes.

Nous étions donc à Alger le 19 mars 1962. J’étais avec le PC (le poste de commandement). La journée fut terrible. Au lieu du cessez-le-feu, pourtant clamé haut et fort par les différents signataires des accords d’Évian, et dont l'entrée en vigueur était prévue pour midi, nous avions eu droit à un violent affrontement avec les membres de l’OAS. Les pieds-noirs nous insultaient, mais le pire était en centre-ville où des coups de feu avaient été échangés.

Cette période a été très difficile et j’en garde un souvenir particulièrement triste. Je me retrouvais au cœur d’un conflit fratricide, et il m’était difficile d’accepter cette opposition entre citoyens d’une même nation…"

Et si vous osiez témoigner, vous aussi ? "Oser parler, tout est là", comme disait Yves Simon. N'hésitez pas à me contacter sur www.de-nous-vos-mots.com !